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LA STATION-THÉÂTRE
1 juillet 2022

Baleine les Vendredi 27 et Samedi 28 janvier 2023

Vendredi 27 et Samedi 28 janvier, 20h.

 

Baleine

de Paul Gadenne

jeu et mise en espace : Thierry Gibault

Compagnie du Passage, Saint Cloud

 

Théâtre, monologue

A partir de 15 ans

Durée : 50 min.

 

Spectacle compris dans l'abonnement

 

Baleine - dessin Thierry Gibault« Nous avons soif de ce qui dure. Nous avons assez respiré le soufre des flambées éphémères, assez pleuré sur les cycles fermés du temps ! » Ainsi parle Pierre dans l'indicible de son âme, et son regard va de la baleine échouée dont la forme blanche et gelée se pare déjà des couleurs fanées de la mort à celui d'Odile qui l'a accompagné jusqu'à ce phénomène honteux pour les sensibles qui se cachent de l'être.

Ils découvrent dans ce spectacle solennel l'éclosion de leur plus ancienne pensée. Malgré l'indifférence ou l'ironie des compagnons de désœuvrement qu'ils ont quitté la veille et celles du chaland qu'ils croisent à leur retour, malgré le cataclysme européen de l'immédiat après-guerre, ils se prennent à espérer, eux, si petits et si impuissants, qu'ils peuvent devenir un être pur, de pitié et de compassion, qu'ils peuvent être la dernière baleine, comme on peut être le dernier homme, et qu'ils puissent vivre en mourant à leur place.

Il faut toute la douceur et l'inspiration compassionnelle de Thierry Gibault pour élever le récit à la hauteur de la langue sublime dans laquelle Paul Gadenne l'a écrit.

 

Extrait :

 

« La baleine était étendue de tout son long, dans sa nudité pâle et azurée, avec l'aisance et le naturel d'un vivant couché au bord du flot. Les caprices du reflux continuaient à émouvoir cette retombée de plumes qui couvrait une de ses extrémités. Parfois même, au milieu des bulles de salive qui glissaient à la surface de l'eau, on voyait s'agiter un lambeau de chair, et rien n'était plus troublant que cet abandon dans un corps autrefois pétri de puissance et de volonté. Il avait donc fini de s'opposer, comme tout ce qui vit, de se dresser contre le vent, de châtier la vague, et de faire son profit de toute résistance. Une obéissance insidieuse, une docilité épouvantable l'entraînaient à se répandre, à se laisser couler dans l'univers. C'était une vaste effusion à la face du ciel, et qui n'attendait pour se parfaire qu'un rayon plus tiède, une caresse plus active de l'air. Demain, sur cette lisière de sable, le soleil viendrait consommer la débâcle, et l'on verrait Yorick soupeser dans ses mains le crâne d'Horatio. Demain, Rogojine le marchand irait chercher le prince son rival, le conduirait chez lui, soulèverait des tentures -et l'aube allait trouver les deux hommes autour du cadavre de leur maîtresse, unis par un amour sublime et se bouchant le nez... »

 

Baleine, Paul Gadenne, éd. Actes Sud, coll. Babel, 2016

 

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