SOIREE DE PRESENTATION DE LA SAISON 22-23 + AG le Vendredi 23 septembre 2022
Soirée de présentation de la onzième saison à 20h.
(Précédée d'une AG ouverte à tous à 18H, où les adhérents empêchés peuvent se faire représenter)
La Station théâtre vous invite ce soir-là à remonter l'horloge pour retrouver les joies et les peines du corps, de l'âme et de l'esprit dans l'énumération des heures, des jours et des saisons au rythme du théâtre et de la poésie. Corps, voix et musiques d'une vingtaine d'artistes venus de toute la France y marqueront de leurs fièvres salutaires et de leurs incarnations virtuoses un chemin de rires et de larmes fait de passion et de beauté singulières. Le temps retrouvera son sens grâce à la force des mots, des mélodies et des rythmes venus d'un lointain que l'on croyait perdu.
Marie Thomas nous fera funambuler sur le fil mal tissé de l'histoire de l'humanité (ici)
Yves Gourmelon nous bordera tendrement avec l'ancêtre dans son lit de vie vers la mort (là-bas)
Joël Jouanneau, Hélène Bass et Gwenaël De Boodt nous réveilleront entre chien et loup pour plonger dans le chant et les grincements des heures confinées (plus loin)
Nous tanguerons avec Maxime Dambrin et François Robin dans le souffle instable du jeune poète (ailleurs)
Christian Sterne et Arnaud Méthivier entreront à tâtons dans l'odeur des hommes pour nous révéler la nuit de la petite aveugle, (nulle part)
Au gré de sa faune, de sa flore, de ses berges et de son lit, nous suivrons la rivière bavarde d'Alexis Fichet et Patrice le Saëc (pas si loin)
Avec Philippe Languille, nous apprivoiserons du prisonnier la colère déposée au pied du fils retrouvé (tout près)
Thierry Gibault nous posera devant la baleine échouée dans la fascination et l'empathie pour le monstre mourant d'une civilisation à transformer (au lointain)
Nous comprendrons l'action des rêves en devisant devant leurs nuages avec André Layus et Christophe Briand (tout autour)
La voix d'Yvon Le Men nous conduira sur un long chemin de trente ans de poèmes (en dessous)
Celles d'Alexis Gloaguen et Thérèse Bardaine nous habiteront de leurs terres lentes et vivantes (au fond)
Nous irons au suspens des lignes avec Pierre-Yves Le Louarn, Fabiana Medina et Sébastien Debard éprouver le travail et l'usure dans le brouhaha des conserveries (là)
Grâce à Laurent Fréchuret, Michel Bruzat, Magali Berruet, Benji Leblay, Lydie Parisse et Pierre-Yves Chapalain qui sont leurs maîtres d'oeuvre,
les langues de Marc Favreau, de Lydie Parisse, de Gwenaël De Boodt, d'Arthur Rimbaud, de Pierre Mac Orlan, d'Alexis Fichet, de Pierre-Yves Chapalain, de Paul Gadenne, d'André Layus et Christophe Briand, d'Yvon Le Men, Alexis Gloaguen et Thérèse Bardaine et de Joseph Ponthus résonneront dans toutes ces chairs passionnément offertes à la précision du récit, aux contradictions de la pensée, à l'annulation tragique des mots vivants dans les choses et les discours, aux hallucinations et aux silences habités du poème et à la subversion jubilatoire du langage.
On vous donnera à entendre un peu de leur âme au cours de cette soirée conviviale où nous pourrons aussi consulter les livres dont ils sont issus.
On pourra aussi réserver des places, souscrire des abonnements ou des adhésions et boire un verre au bar.
PROGRAMME DE LA SAISON 2022-2023
La brochure détaillant les spectacles est consultable à l'adresse suivante:
https://fr.calameo.com/read/00178573039da7e17dbdf
Le texte de l'agenda du programme figure ci-dessous juste après l'affiche. On peut cliquer sur le titre de chaque spectacle pour faire apparaître la page qui lui est consacrée.
AGENDA 11ème SAISON
2022-2023
(Cliquez sur les titres des spectacles pour ouvrir la page qui leur est consacrée.)
Vendredi 23 septembre :
18h : Assemblée générale
20h : Présentation de la nouvelle saison
Mercredi 28 et Jeudi 29 septembre, 20h :
texte de Marc Favreau, alias Sol
avec Marie Thomas, mise en scène de Michel Bruzat
Théâtre de La Passerelle, Limoges
Théâtre, clown (à partir de 14 ans)
(dans le cadre de Val d'Ille-Aubigné en scène)
Vendredi 7 et Samedi 8 octobre, 20h :
texte et mise en scène de Lydie Parisse
avec Yves Gourmelon
Compagnie Via negativa, Sète
Théâtre (à partir de 16 ans)
Dimanche 16 octobre, 15h.30 :
poèmes de Gwenaël De Boodt
avec Joël Jouanneau, Hélène Bass et Gwenaël De Boodt
Création La Station théâtre, La Mézière (35)
Lecture musicale (à partir de 14 ans)
Vendredi 18 et Samedi 19 novembre, 20h:
d' après Un Coeur sous une soutane et Les lettres du voyantd'Arthur Rimbaud
avec Maxime Dambrin, et François Robin à la veuze et autres instruments
adaptation et mise en scène de Laurent Fréchuret
Théâtre de l'Incendie, Saint Etienne
Théâtre et musique (à partir de 14 ans)
Vendredi 2 et Samedi 3 décembre, 20h:
d'après Docks de Pierre Mac Orlan
avec Christian Sterne, et Arnaud Méthivier à l'accordéon
mise en scène de Magali Berruet
Compagnie Les Fous de Bassan, Beaugency (45)
Théâtre et musique (à partir de 15 ans)
Dimanche 11 décembre, 15h30:
extraits de Les Fables du Belon et Pourquoi un poulpe ? d'Alexis Fichet
avec Alexis Fichet et Patrice Le Saëc
Compagnie Lumières d'août, Rennes
Lecture spectacle (à partir de 12 ans)
Vendredi 13 et Samedi 14 janvier, 20h:
texte et mise en scène de Pierre-Yves Chapalain
avec Philippe Languille
Production TNB, Compagnie Le Temps qu'il faut (Finistère)
Théâtre, monologue (à partir de 13 ans)
Vendredi 27 et Samedi 28 janvier, 20h :
de Paul Gadenne
jeu et mise en espace de Thierry Gibault
Compagnie du Passage, Saint Cloud
Théâtre, monologue (à partir de 15 ans)
Vendredi 24 et Samedi 25 février, 20h:
texte et jeu d'André Layus et Christophe Briand
mise en scène de Benji Leblay
Compagnie Version 14, Rennes
Théâtre (à partir de 10 ans)
Vendredi 7 avril, 20h:
poètes lus et présentés par Yvon Le Men
avec la participation de Gwenaël De Boodt
Lectures de poèmes (à partir de 16 ans)
Samedi 8 avril, 20h:
poèmes de et avec Terez Bardaine et Alexis Gloaguen
avec la participation d'Yvon Le Men
Récital, lecture de poèmes (à partir de 16 ans)
Vendredi 5 et Samedi 6 mai, 20h:
A la ligne, feuillets d'usine
de Joseph Ponthus
avec Fabiana Medina, Pierre-Yves Le Louarn, et Sébastien Debard à l'accordéon
mise en scène de Michel Bruzat
Théâtre de La Passerelle, Limoges
Théâtre et musique (à partir de 12 ans)
En tournée pendant la saison:
Des Heures aux arrêts
poèmes de Gwenaël De Boodt
avec Joël Jouanneau, Gwenaël De Boodt, et Hélène Bass au violoncelle
Création La Station théâtre
Lecture mise en espace (à partir de 15 ans)
ADRESSE ET ACCES A LA STATION THEATRE
Si vous êtes en fauteuil roulant merci de nous prévenir à la réservation de votre place pour que nous préparions au mieux votre accueil et votre placement dans la salle. Les toilettes sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.
A la ligne, feuillets d'usine les Vendredi 5 et Samedi 6 mai 2023
Vendredi 5 et Samedi 6 mai, 20h.
A la ligne, feuillets d'usine,
texte de Joseph Ponthus
avec Fabiana Medina et Pierre-Yves Le Louarn
et Sébastien Debard à l'accordéon
Mise en scène de Michel Bruzat
Théâtre de La Passerelle, Limoges.
Théâtre et musique
A partir de 12 ans
Durée : 1h.15
A la ligne, chronique contemporaine d'un ouvrier-poète au travail dans les usines de la région de Lorient, est une plongée vertigineuse dans l'univers assourdissant et les cadences infernales des forçats de l'industrie agro-alimentaire.
« Dans un lien constant avec le public, Joseph Ponthus parle à chacun, une langue directe, vive, familière, collective, limpide. En vers libres sans ponctuation. Un théâtre sans coulisses, tenant le lecteur en apnée. Il réussit le pari étonnant de mêler poésie et réalisme, pour décrire dans le même chant à la fois la dureté de la condition ouvrière sur les lignes de production de l'usine et l'intimité du rêve qui libère l'homme de sa chaîne. Il démonte les mécanismes de l'asservissement, il libère les corps de la pensée, il ouvre la porte de l'action.
Et ce qui le sauve, c'est qu'il a une autre vie. Il connaît les auteurs latins, les poèmes d'Apollinaire et les chansons de Trenet. Et aussi la femme aimée, le chien Pok-Pok et l'odeur de la mer.
Chez ce citoyen poète qu'est Joseph Ponthus, il fallait le rire tragique, le rire qui fait que l'on respire encore, le rire qui permet d'exorciser cette servitude. » Michel Bruzat
Et c'est pourquoi les acteurs sont tout humains, sans distance, dans une mêlée de gestes, de corps et de paroles immédiates. Comme la fusion de l'accordéon avec la chanson.
Extraits :
« Fini pour toi / A la prochaine / A dit le chef en fin de journée /Sans autre forme de procès
…
Fini pour toi / L'embauche à minuit et demi / Les six jours sur sept travaillés / Les machines en panne dès le troisième jour de la mission / Ce qu'on a dû inventer pour en chier à peine moins que d'humain / Les bulots qui tombent dans les bottes plus gênants encore que des scrupules / L'odeur qu'on ne sent plus / La fureur de dix chefs qui débarquent un 21 décembre quand la dépose de langoustes ne va pas assez vite à leur goût / le mystère de pourquoi ils s'en vont trois heures plus tard tout sourire alors même que la ligne tourne moins vite /
…
Tant qu'il y aura des missions intérim / Ce n'est pas encore le point final / Il faudra y retourner / A la ligne/ »
A la ligne, feuillets d'usine, Joseph Ponthus, éd. La Table ronde, 2019
Habités par la terre Samedi 8 avril 2023
Samedi 8 avril 20h.
Habités par la terre
avec Terez Bardaine et Alexis Gloaguen
et la participation d'Yvon Le Men
Récital, lectures de poèmes
Ấ partir de 16 ans
Durée : 1H30
« Dès l’origine / habitée par la terre / elle y retournerait / par la mer / sans passer par le ciel / pour l’habiter / à son tour / et à sa manière / avec son Z/.../Ainsi nommée / au goût de terre / au sel de mer / l’assagie décida de demeurer en Penn Ar Bed / — aux confins de la terre et de la mer / et accorda son prénom / à la langue d’ici / où le Z fait chanter en leur terminaison / les noms de lieux s’ouvrant sur l’horizon / Térénez Barnénez / où elle va sautillant sur les chemins et les pierres / se laisse bercer par les eaux / comme jadis aux temps du ventre maternel / où se confondent le zéro et l’éternel »
Extrait de: Déchiffrée par les lettres, Terez Bardaine, La Rumeur libre, 2021
Ainsi nous parle le poème de Terez Bardaine, à nous tous qui cherchons une demeure sur la terre, par la terre jusqu’au ciel où nous irons. Un jour, une nuit...
C’est à l’horizon de la mer, au plus loin de ses yeux, de ses souvenirs, qu’elle relie ses premiers jours à son présent, par sa présence au monde. Avec des mots simples, bien ajustés, comme on ajustait les pierres qui bâtissaient les murs de nos maisons, avec le vide qu’il fallait pour faire chanter le vent, elle construit sa langue et la fait chanter par les blancs, les silences qu’elle pose entre ses mots. Pour mieux nous donner à l’habiter. Elle fait attention à ce qu’elle écrit, pour, qu’en l’écoutant, nous prenions le même chemin, au bord des mots qui trop souvent ne veulent plus rien dire. Quand elle dit ses poèmes, elle agrandit l’espace de ses vers, en leur donnant l’écho dont ils ont besoin pour aller jusqu’à nous.
Habité par la terre, comme l’est aussi Alexis Gloaguen dans ses livres, dans sa vie, là-bas au centre de la Bretagne où il parle aux plantes comme François d’Assise parlait aux animaux et même aux loups. Il y a longtemps déjà que sa grande conversation avec la nature a commencé. Aujourd’hui, c’est son heure et c’est la nôtre de l’écouter. Comme on écoutait les conteurs au pied de la cheminée :
« En s'installant dans le jardin, on cesse d'être nomade en sa propre vie. Une direction appelle, une régularité s'impose: celle des étapes de la culture vivrière, celle d'un ancrage entre le sol et soi. La rue, c'était l'absence de direction. L'errance affective, c'était le meurtre des repères et les amours délétères. On gratte la terre comme on noircit la page. C'est une fuite et c'est un résultat. C'est une assise et la première décision. C'est un deuil qui nous sauve, celui des possibles auxquels ne plus croire. Le regard évalue la poussière, on pense à la plante, on grandira par elle. On la protège par des grillages et barrières de bambous. En réalité c'est soi-même que l'on entoure, après avoir connu les enfers, dans une restitution d'éden. »
Extrait de : Surgies, Alexis Gloaguen, Diabase, 2022
Yvon Le Men
Il fait un temps de poème Vendredi 7 avril 2023
Vendredi 7 avril 20h.
Il fait un temps de poème
par Yvon Le Men
avec la participation de Gwenaël De Boodt
Lectures de poèmes
Ấ partir de 16 ans
Durée : 1H30
Quand, en 1992, j’ouvris la porte du Carré Magique à Kolya Micevic et Mireille Robin qui nous ouvriraient les portes des poésies de l’ex-Yougoslavie, en pleine guerre de Yougoslavie, je ne pensais pas que, 30 ans plus tard, à Lannion, dans ma petite ville au bord du monde, il ferait encore un temps de poème.
Un temps de poème partagé ici avec des gens d’ailleurs, venus nous visiter, nous rencontrer, les poches pleines de mots, de vers, de chansons, de pièces de théâtre, de musiques, de romans et la tête pleine d’idées sur le monde, comme il va et comme il pourrait aller.
Des écrivains, des poètes, connus, reconnus, des femmes, des hommes qui faisaient leurs premiers pas, écrivaient leurs premiers livres, disaient leurs premiers poèmes et annonçaient ainsi que le temps du poème continuerait contre vents et marées, entre ombres et lumières.
Il fait un temps de poème, ce vers je l’ai souvent entendu à la gare de Lannion avant de prendre le train pour aller à l’autre bout du monde d’où je ramenais un poète. Ainsi Shu Cai et François Cheng, de Chine; Pablo Fante, du Chili; Bjorn Larsson, de Suède; Alain Mabanckou, du Congo; Maram al Masri et Halla Mohammad, de Syrie; Bonel Auguste, d’Haïti; Boualem Sansal, d’Algérie; Elias Sanbar, de Palestine; Claude Vigée, d’Israël; Roja Chamankar, d’Iran...
Je pourrais ainsi nommer plus de cinquante pays, jusqu’à la Bretagne, évidemment: Anne Auffret de Bulat Pestivien; Terez Bardaine et Nathalie Papin, de Morlaix; Alexis Gloaguen de Silfiac; Michel Le Bris et Yann-Fanch Kemener. De la terre et du ciel où ils reposent en paix.
Lors de cette soirée, nous entendrons les voix venues de plus d’une vingtaine de pays, des jeunes, des vieux et des morts. Des morts qui ne le sont pas tout à fait grâce aux poèmes qu’ils ont laissés derrière eux. Et, par la voix des vivants, nous les entendrons, à nouveau, résonner parmi nous. En nous, pour que ce soir-là, il fasse un temps de poème…
Yvon Le Men
Il fait un temps de poème 2, textes rassemblés et présentés par Yvon Le Men, éd. Filigranes, 2013
Il fait un temps de poème 3, textes rassemblés et présentés par Yvon Le Men, éd. La rumeur libre, 2023
Vivre longtemps n'est pas vivre toujours, Yvon Le Men, éd. La rumeur libre, janvier 2023
Lampe tempête, Yvon le Men et Nicolas Repac, CD, éd. Kerig, novembre 2022
Au delà des mots Vendredi 24 et Samedi 25 février 2023
Vendredi 24 et Samedi 25 février, 20h.
Au delà des mots
texte et jeu d' André Layus et Christophe Briand
Mise en scène de Benji Leblay
Compagnie Version 14, Rennes
Co-production La Station théâtre
Théâtre
A partir de 10 ans
Durée : 1H05
Deux hommes se mettent en retrait d'un groupe pour observer les nuages au bout d'un plongeoir. Avec la suspension du temps, ils s'aventurent dans une rêverie commune et trouvent des sens inattendus aux phénomènes qu'ils observent : la qualité accommodante de l'arbre au milieu de ses congénères, l'achèvement des vagues dans un océan dont on ne voit pas la fin, l'impudeur de deux nuages qui s'accouplent, la marche en montagne pour apprendre comme on lit. Ils lâchent un espace pour en trouver un autre, allant de sous l'orage tropical aux pupitres de l'école et du désert à la gare.
Dans un vagabondage de commentaires et de sensations, sur fond de rumeur de nature et de ville, ce duo de chauves dialogue aux frontières de l'absurde et du poème, entre humour et profondeur, gravité et légèreté, sans jamais s'inquiéter du moindre cheveu dans la soupe mais plutôt de la tortue qui pourrait leur tomber du ciel sur le crâne.
Extrait:
« A - J’aime les arbres. Je trouve ça bon camarade, un arbre
C - Ah oui
A - Rien ne m’agresse chez un arbre et si j’ai besoin d’ombre, de m’adosser, de m’appuyer dessus
C- De grimper, tu peux même grimper dessus pour voir plus loin
A- Bé oui, après je me prends pas non plus pour un oiseau
C- Moi non plus, en tout cas l’arbre on sait qu’il est là. Si on l’embête pas, il ne bougera pas... C’est quelqu’un sur qui on peut compter
A- D’ailleurs, on en compte pas mal. Là bas il y a deux chênes et au fond une petite rangée de peupliers, c’est rare d'ailleurs de les voir ensemble.
C- Et le petit là ?
A- Un frêne... ou un hêtre... un frêtre... J’ai jamais trop su... Ils ont un peu le même tronc.
C- Ils sont bien là, tous. Ils forment un petit groupe et en même temps ils ne se gênent pas. Quand il y a un nouvel arrivant, bah les autres l'accueillent sans se poser de questions.
A- On n’a jamais entendu un noisetier dire à un jeune chêne: t’as pas ta place ici, retourne dans ton bois, on reste entre noisetiers. Au contraire ! La terre, l’eau, le mycène, ils se le partagent... Bon, vas-y puisque tu es là, reste donc.
C- Ça ne gêne pas si je pousse ici
A- Mais non, t’inquiète, on s'accommode »
Texte inédit.
La Compagnie Version 14 sera en résidence à La Station théâtre à partir du 12 février pour la création de ce spectacle.
Baleine les Vendredi 27 et Samedi 28 janvier 2023
Vendredi 27 et Samedi 28 janvier, 20h.
Baleine
de Paul Gadenne
jeu et mise en espace : Thierry Gibault
Compagnie du Passage, Saint Cloud
Théâtre, monologue
A partir de 15 ans
Durée : 50 min.
Spectacle compris dans l'abonnement
« Nous avons soif de ce qui dure. Nous avons assez respiré le soufre des flambées éphémères, assez pleuré sur les cycles fermés du temps ! » Ainsi parle Pierre dans l'indicible de son âme, et son regard va de la baleine échouée dont la forme blanche et gelée se pare déjà des couleurs fanées de la mort à celui d'Odile qui l'a accompagné jusqu'à ce phénomène honteux pour les sensibles qui se cachent de l'être.
Ils découvrent dans ce spectacle solennel l'éclosion de leur plus ancienne pensée. Malgré l'indifférence ou l'ironie des compagnons de désœuvrement qu'ils ont quitté la veille et celles du chaland qu'ils croisent à leur retour, malgré le cataclysme européen de l'immédiat après-guerre, ils se prennent à espérer, eux, si petits et si impuissants, qu'ils peuvent devenir un être pur, de pitié et de compassion, qu'ils peuvent être la dernière baleine, comme on peut être le dernier homme, et qu'ils puissent vivre en mourant à leur place.
Il faut toute la douceur et l'inspiration compassionnelle de Thierry Gibault pour élever le récit à la hauteur de la langue sublime dans laquelle Paul Gadenne l'a écrit.
Extrait :
« La baleine était étendue de tout son long, dans sa nudité pâle et azurée, avec l'aisance et le naturel d'un vivant couché au bord du flot. Les caprices du reflux continuaient à émouvoir cette retombée de plumes qui couvrait une de ses extrémités. Parfois même, au milieu des bulles de salive qui glissaient à la surface de l'eau, on voyait s'agiter un lambeau de chair, et rien n'était plus troublant que cet abandon dans un corps autrefois pétri de puissance et de volonté. Il avait donc fini de s'opposer, comme tout ce qui vit, de se dresser contre le vent, de châtier la vague, et de faire son profit de toute résistance. Une obéissance insidieuse, une docilité épouvantable l'entraînaient à se répandre, à se laisser couler dans l'univers. C'était une vaste effusion à la face du ciel, et qui n'attendait pour se parfaire qu'un rayon plus tiède, une caresse plus active de l'air. Demain, sur cette lisière de sable, le soleil viendrait consommer la débâcle, et l'on verrait Yorick soupeser dans ses mains le crâne d'Horatio. Demain, Rogojine le marchand irait chercher le prince son rival, le conduirait chez lui, soulèverait des tentures -et l'aube allait trouver les deux hommes autour du cadavre de leur maîtresse, unis par un amour sublime et se bouchant le nez... »
Baleine, Paul Gadenne, éd. Actes Sud, coll. Babel, 2016
Un Apprentissage Vendredi 13 et Samedi 14 janvier 2023
Vendredi 13 et Samedi 14 janvier, 20h.
Un Apprentissage
Texte et mise en scène de Pierre-Yves Chapalain
Dramaturgie : Kahena Saïghi
avec Philippe Languille
Production TNB. Compagnie Le temps qu'il faut, Finistère.
Théâtre, monologue
A partir de 13 ans
Durée :50 min.
Spectacle compris dans l'abonnement
De quel apprentissage s'agit-il dans ce monologue ? De celui de la vie, du bonheur, qui ne sont jamais là où l'on croit mais qui sont là quand on les croit disparus à jamais. « A la base je pensais être fou. Je savais pas lire... Et puis une nuit, à travers les barreaux, alors que je regardais la lune, elle était pleine à ras bord (…) j'ai eu un déclic » .
Dans le monologue de cet homme qui était en prison depuis 15 ans et qui vient d'en sortir, s'immiscent des points de suspension qui sont des silences à remplir ou à laisser béants. Il est allé à la rencontre de son enfant, un adolescent et il lui parle maintenant de ce trésor que chacun a en soi et qu'il faut savoir écouter. Il lui donne les clefs pour grandir tandis que lui se reconstruit par les mots. Il lui dit qu'il a entrepris d'apprendre à lire, tout seul, avec L'Iliade (La Colère d'Achille) et comment avec ce livre fondateur, vieux de plus de 3000 ans, il a découvert un monde qu'il comprend, dans lequel il se reconnaît, et qui a restauré sa confiance, son estime de soi.
C'est à une jeunesse cernée par le chaos du monde qu'il s'adresse.
Extrait :
« Qu'est-ce je dois faire ? Je ne peux pas rester comme ça, là je suis au fond, je suis au pays des morts... Comment sortir de là ! J'aime trop le soleil ! Il faut que je comprenne ce qui m'est arrivé ! Je sais pas lire... Bon, il faut au moins que je commence par là, apprendre à lire que je me disais ! Avec mes propres moyens ! En faisant comme je peux, c'est à moi de trouver une issue ! Il n'y a personne qui pourra trouver une solution à ma place !
A une époque, j'ai bien appris à parler par moi-même ! Enfant, il m'a bien fallu apprendre par moi-même ! Je peux retrouver cet état d'esprit ! Voilà les choses qui me traversaient la tête quand je regardais la lune à travers les barreaux... Enfant tu t'es pas mal démerdé toi aussi, oui, tu ne te rappelles peut-être pas, mais tu as réussi à apprendre une langue, par toi-même... tu as réussi par toi-même à acquérir des connaissances essentielles « pour ta survie ». Pense à tous ces pans entiers de langue que tu as absorbés quand tu étais enfant... N'est-ce pas ? Oui ! Tu as bien répété, testé inlassablement comme du gravier dans la bouche les paroles que tu as entendues ? Pour finalement arriver à parler, communiquer avec l'autre... Lorsque bébé, tu t'es mis à parler d'un coup. En un instant c'est sorti (de l'eau). Nourrisson tu avais un désir de vivre immense. Tu observais tout. Tu ne te serais jamais laissé mourir de faim. Un désir d'entrer dans la vie, un désir si incandescent que t'as appris à parler à une vitesse vertigineuse. Comme ça ! »
Texte inédit. La plupart des pièces de Pierre-Yves Chapalain sont publiées aux éditions Les Solitaires intempestifs
Des fables et des poulpes Dimanche 11 décembre 2022
Dimanche 11 décembre, 15h.30
Des fables et des poulpes
extraits de Les fables du Belon et Pourquoi un poulpe ?
d'Alexis Fichet
avec Alexis Fichet et Patrice Le Saëc
Compagnie Lumières d'août, Rennes
Lecture spectacle
Ấ partir de 12 ans
Durée : 50 min.
Suivie d'un goûter, compris dans le prix, et d'une séance de dédicaces
Au fil du Belon, petit fleuve côtier du Finistère, tout un peuple s'active : ce sont oiseaux, poissons, huîtres, petits mammifères, moulins, cochons, pêcheur, arbre, peintre et pin, parisiens exilés, et même grain de sable, vase et tronçonneuses. Au gré de leurs vies liées à la rivière, ils s'allient ou se contrarient, s'accommodent ou se disputent, formant une rumeur dont Alexis Fichet a détaillé, dans la forme joueuse des fables, les sons, les couleurs, les odeurs, les mouvements, les dires et les pensées.
Dans la lecture claire et légère qu'il en donne avec Patrice Le Saëc, où le poulpe émotif et bavard s'invite en spectateur adapté à la montée des eaux, le rythme des dialogues et la versification des fables harmonisent sur un ton vivace l'information scientifique et le décalage humoristique.
Un moment simple et agréable, tout plein d'enseignement. «Une nourriture pleine d'âmes»
Extraits:
« Comment peut-on se résoudre à manger un animal aussi intelligent ?
-
Avec un couteau et une fourchette.
-
Tu te moques de moi ?
-
Et des frites, à la limite.
-
Mais, quand tu le manges, tu réalises tout ce qu'il a vécu, tu te rends compte qu'il a été traversé par des images, des émotions, et peut-être, même, des pensées ?
-
Bien sûr. C'est ce que disait justement un jour un indien de la forêt amazonienne à un anthropologue français qui vivait parmi eux.
-
Quoi ?
-
Le problème avec la nourriture, c'est qu'elle est pleine d'âmes. »
« Chargé d'un chevalet, de toiles et de couleurs,
Un peintre de Paris titubait sur la côte,
Et parmi les bruyères, les roches, tout en sueur,
Il venait voir un pin très supérieur aux autres.
C'était un arbre rouge aux épines foncées,
Penché comme un vieillard, tordu comme une idée,
Seul au milieu des landes, détaché sur la mer,
Unique rescapé des tempêtes d'hiver. »
Les Fables du Belon, Alexis Fichet, éd. Apogée, 2022